Neuvième bulletin d’information.
Claire Vittori Challandes et Alain Challandes, pour le Centre Harmonie Corps & Sens

Pour saisir la recette, le mode de vie d'une plante, le chercheur crée des rencontres multiples et variées dans la forme et dans le temps. La rencontre se fait avec la plante ou son huile essentielle, tous deux véhicules de principes propres à l'entité de la plante. Donner toute liberté à sa créativité pour inventer des formes d'échange, est une nécessité pour conduire en pleine conscience le processus de compréhension: humer, goûter, se faire masser, s'y baigner, observer dans le détail puis dans la globalité... et on recommence. Approfondir la relation, apprendre des autres chercheurs, s'investir, explorer, se laisser imprégner, se laisser initier accompagné d'émotions, de sensations et d'évocations en progrès constant... c'est un chemin plutôt passionnant pour les amoureux inconditionnels du règne végétal.
Voici maintenant quelques résultats de nos vives rencontres avec le cèdre Atlas (Cedrus atlantica). Souhaitons que le mouvement des mots qui suivent toucheront quelques lecteurs, pour lesquels la résonance s'avérera évidente.
Comme décrit dans une Newsletter précédente, l'énergie dégagée naturellement par un être vivant, procède obligatoirement d'une juste tension issue d'un paradoxe, résumé ici pour notre cèdre: indéniable stabilité conjuguée avec un dynamisme intrinsèque très subtil.

Le profil triangulaire de son tronc souligne l'importance des fondations accompagnées d'une prodigieuse et subtile connaissance de l'architecture dans le vivant, car organiser la résistance à l'énorme poids des branches devenant de plus en plus horizontales avec l'âge relève des plus grands défis de la nature (le second cèdre ci-dessous est plus âgé que le premier).
Par goût pour la folie ou maîtrise de l'incontrôlable, la sommité du tronc se courbe systématiquement d'une façon imprévisible, contrastant avec la rigoureuse verticalité du reste du tronc.
On observe encore un développement harmonieusement spiralé des écailles du cône - à la ressemblance de l'agencement des pétales de la rose - autour d'un axe net, vertical et indestructible au-delà de la mort du fruit (photo ci-contre avec en blanc le reste de la génération précédente de cônes). Le nom de son espèce: Atlas, tout comme celui du massif nord-ouest africain, fait référence au titan qui fut condamné par Zeus à soutenir les cieux jusqu'à la fin des temps. Ce mot désigne également la première vertèbre cervical, ce berceau qui porte le crâne - ceux qui pratiquent l'atlas-thérapie connaissent l'importance de la justesse de son positionnement qui influencera positivement l'alignement complet de la colonne vertébrale; cette statique naturelle retrouvée, l'énergie circule à nouveau librement et le corps se remet à rayonner; la tête retrouve alors la fluidité de ses mouvements.
De son côté l'huile essentielle contient environ 80 % de sesquiterpènes, des molécules très grandes, donc lentes dans leur déplacement, autrement dit visqueuses, elles manifestent par conséquent leur action doucement mais sûrement et profondément (anti-inflammatoire profond). L'huile dégage dans un premier temps une odeur forte et pénétrante, elle diffuse ensuite et progressivement des notes fruitées, subtilement colorées.
 
Nous reconnaissons cette essence telle une invitation à la sagesse: cette confiance en la vie en sachant que quoiqu'il se passe c'est toujours juste. En effet le cèdre peut être conseillé pour une personne ayant des douleurs à vivre un processus de maturation important dans sa vie. Ici une application de l'huile sur la colonne vertébrale est appropriée, pourquoi? D'une part ses douleurs se somatisent le plus fréquemment dans le dos, d'autre part nous osons comparer la colonne à l'échelle de Jacob, menant marche par marche (vertèbre après vertèbre) à la connaissance, le chemin de l'initiation vers l'illumination de la conscience. Reconnaissons que plus l'homme s'élève, plus il doit renforcer sa base, ses racines, sa structure en entier, autant psychique que physique. La sagesse peut se définir alors comme la capacité de recréer l'équilibre, la cohérence entre les différentes dimensions de l'homme à l'avènement de chaque grande étape d'évolution.
En tous les cas, le cèdre Atlas invite au respect: cette attitude qui prévient les projections et les illusions, en maintenant néanmoins une grande force d'investissement et d'engagement. En présence de ce sage qui ne parle que très peu ou point, installons-nous dans un état d'être qui permette une conscience aiguë du réel, sous l'influence de son rayonnement (parmi les conifères, les botanistes ne connaissent que le mélèze et les quatre espèces de cèdre qui disposent ainsi leurs aiguilles en forme de rosettes rayonnantes - photo ci-contre), et laissons la parole au silence.